jeudi 7 janvier 2016

Mardi dernier: Levine, Das Lied von der Erde, Norman, Jerusalem, Berlin

Pour ceux, et il en était ce soir-là, formé au Chant de la Terre par Kathleen Ferrier et Bruno Walter, cette version peut sembler froide et artificielle. Et certes la grande Jessye Norman n'a rien de la fragilité d'une Ferrier mourante, vraie "candle in the wind". Mais au contraire, sa santé, son ampleur insolente, ses aigus qui défieraient presque les lois de la physique, en tous cas celles de l'orchestre, font de ce Chant plus un monument neuf qu'un filet d'eau brisé. Siegfried Jerusalem, aussi, est en grande forme, l'expression ne disparaissant jamais derrière la performance, les difficultés de ses Wagner bien loin dans cette partition facile en comparaison. Mais la vraie star est ici l'orchestre, d'une splendeur ineffable et de tous les instants, riches de milles variations, petits reflets, de la virtuosité jusque dans les plus subtiles harmoniques, et la justesse d'expression, le dialogue musical et la finesse dont est capable Levine dans sa maturité. C'était (encore) une de ses soirées où ni la parole ni le geste ne reviennent tout de suite après les dernières mesures, malgré l'heure tardive (on avait fait précéder ce Chant de quelques crèpes chez Imogène...). Lien vers le disque.


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